Revue de presse : Evaluation de l’expression faciale lors de douleur aiguë chez le chat
Dr Pierre Maitre, dipECVS
Spécialiste en Chirurgie
Résumé
Etude prospective dont le but est de définir un score facial dont le but est de compléter un score existant (CMPS-féline de Galsgow). L’idée initiale provient du développement de score faciaux pour les animaux de laboratoires (rat, souris, lapins…) qui ont prouvé une grande sensibilité et une grande fiabilité.
L’étude comprend 3 étapes :
– identification de repères anatomiques à partir d’images 2D de face de chat. 59 photos de chat en bonne santé sont compilées, les éléments anatomiques facilement repérables identifiés et un grand nombre de distances mesurées. 28 images de chat douloureux (post op, trauma bassin, douleur abdo) sont retenues, sont exclus les animaux en état de sédation, un score de douleur est attribué à chacun. Les mêmes repères sont utilisés et les même distances mesurées.
– Discrimination des animaux par leur expression facial : un mélange de photo des deux groupes est ensuite présenté à un large public (cliniciens expérimentés, étudiants, internes, résidents, asvs, nurses) avec pour objectif l’identification des animaux douloureux.
– Développement d’un outil de d’évaluation facial de la douleur : une analyse statistique est menée pour identifier parmi les distances mesurées celles qui permettent de discriminer les visages douloureux des non douloureux et à partir de ces éléments un dessinateur est chargé d’établir des croquis des expressions faciales caractéristiques.
Résultats
– sur la base de la simple analyse de la photo, la capacité d’identifier un animal douloureux est très variable (18 à 94% d’id correcte), et globalement mauvaise (- de 50% d’id correcte) et ce même pour des Ax avec des scores de douleur élevés.
– l’étude statistique a permis d’identifier que les distances mesurées au niveau du museau et des oreilles permettent une identification correcte de respectivement 81 et 95% des animaux douloureux et de 98% quand ils sont combinés. Ils sont retenues pour la réalisation du score
d’expression faciale (cf croquis).
Discussion
– Les mesures concernant les yeux (montraient des résultats encourageants, ne sont pas retenues par les auteurs (trop de variations possibles avec l’anesthésie, le stress…). Le port des oreilles et la forme de la bouche avaient déjà été retenues pour les autres scores chez les rongeurs, même si le design de ces études étaient très différent)
– le score facial est trop simpliste (discrimination D vs ND seulement) peu utile en clinique (suivi).
Pour permettre une évaluation sensible de la douleur, le but est de l’inclure dans le score CPMS plus complet.
– Les limites de l’étude sont le biais introduit par la présence de l’appareil photo à proximité du chat qui modifie son expression facial, l’absence de photos contrôle pour les animaux du groupe douloureux, la présence de niveaux de douleur très variable (biopsie cutanée vs fracture du bassin…) et non standardisé.
Cette étude a au moins le mérite de chercher des solutions au grand challenge de l’évaluation de la douleur au combien subjective. Elle pointe le doigt sur la grande variabilité de la perception de la douleur animal en fct° de l’individu, y compris chez des professionnels.
En attendant l’étude prospective clinique et la comparaison avec les scores existants.