L’examen scanner sous sédation
Dr Anaïs Combes – Dip ECVDI
Spécialiste en Imagerie
En médecine vétérinaire, l’examen tomodensitométrique ou scanner est synonyme d’anesthésie. En fait, il est nécessaire d’immobiliser l’animal « contre son gré » car le mouvement crée des artefacts, comme en radiographie mais l’acquisition tomodensitométrique dure plusieurs secondes à plusieurs minutes, contrairement à la radiographie. Par exemple, l’animal peut être placé dans une position inconfortable liée ses signes cliniques (extension d’articulations douloureuses par exemple), donc une bonne analgésie est profitable. De plus, l’animal étant anesthésié, il est susceptible de présenter une atélectasie iatrogène des poumons, il convient donc également d’hyperventiler et d’insuffler ses poumons afin d’obtenir des images diagnostiques thoraciques : l’intubation est donc indispensable.
Grâce aux progrès techniques des scanners, le temps d’acquisition a été largement diminué et la qualité des images améliorée. Ceci est particulièrement lié à l’augmentation du nombre de coupes réalisées simultanément. On est passé de 1 à 64 coupes simultanées (1 à 64 barrettes), soit un scanner thoracique entier de chien moyen réalisé avec 60 coupes épaisses en une minute à, maintenant, 300 coupes fines en moins de 15 secondes. Cela permet d’améliorer la résolution et d’effectuer des reconstructions en 3D de bonne qualité.
Grâce à ces progrès, sur les machines de plus de 16 barrettes, il devient même possible de se passer d’anesthésie dans certaines indications. En conséquence, des animaux débilités peuvent bénéficier d’un examen tomodensitométrique afin d’améliorer leur prise en charge diagnostique puis thérapeutique. Par exemple, un chat dyspnéique soit pour des raisons traumatiques, soit pour des raisons inconnues, peut bénéficier d’un bilan thoracique afin de déterminer la cause de la dyspnée, pas toujours évidente ou spécifique en radiographie.
Reconstruction dans un plan sagittal de la jonction lombo-sacrée d’un chien présentant une ostéochondrose sacrée, comprimant les nerfs de la queue-de-cheval.
Reconstruction dans un plan dorsal du thorax d’un chien présentant un mésothéliome.
Le chat stressé se met en sphinx naturellement, et placé dans une boîte radiotransparente, relativement étroite, il reste le plus souvent immobile. En scannant la boîte, on obtient des images thoraciques de qualité diagnostique, notamment grâce à des reconstructions 3D. D’autre part, dans des indications de type crâne, rachis ou thorax, l’examen tomodensitométrique est possible uniquement sous tranquillisation. Un prototocole myorelaxant, modérément sédatif et analgésiant, de type butorphanol (0,1-0,2 mg/kg) + midazolam (0,25 mg/kg) permet une immobilisation suffisante dans un coussin bien enveloppant pour un examen de qualité idéale. Cela représente une diminution du risque anesthésique pour l’animal, un gain de temps pour le radiologue, sans perte de qualité image.
Pour des raisons de sécurité ou si une injection de produit de contraste iodé est effectuée, un cathéter et une perfusion restent indispensables. Et dans le cas d’un rachis, une anesthésie générale peut être induite dans un second temps, afin de réaliser un myéloscanner si nécessaire.
Nous développons les examens tomodensitométriques sous sédation, n’hésitez pas à nous contacter pour prévoir un examen sur un animal débilité, cardiaque ou très âgé par exemple avec un minimum de risque. Nous souhaitons proposer des scanners sur des animaux pour qui cet examen aurait été exclu a priori en raison de l’anesthésie. Si l’indication le permet, nous essayons de limiter les anesthésies générales chez tous les animaux passant au scanner.
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